
Enfant j’ai eu la chance de passer beaucoup de temps avec mes grands-parents qui, tous les deux, avaient vécu les deux guerres mondiales. En grandissant j’ai commencé à leur poser des questions au sujet de ces guerres, d’abord timidement, ne sachant pas trop comment leur faire évoquer leurs souvenirs sans que cela ne soit douloureux pour eux. Et puis un jour, l’unique question qui m’est venue, fut : "Après, c’était comment ?"
Je me souviens encore de l’air surpris de ma grand-mère et du sérieux de mon grand-père. Je n’avais pas imaginé qu’ils auraient de telles réactions. Le premier à parler fut mon grand-père qui me dit : "Bien sûr nous étions tous joyeux et soulagés, mais n’imagine pas pour autant que tout était vraiment fini." Là, c’est moi qui suis restée bouche bée ! Je ne m’attendais pas à cette réponse. Dans ma tête j’avais les photos de Paris libéré, du général De Gaulle sur les Champs-Elysées qui étaient dans mon manuel d’histoire du collège.
Puis mon grand-père poursuivit : "Enfin nous étions libres, nous pouvions de nouveau sortir sans risque d’être bombardé. Comme les autres Parisiens nous avons fêté cela. Mais le traumatisme et la peur n’avaient pas vraiment disparus. Et puis nous avions toujours les tickets de rationnement et ça a duré encore pendant presque quatre ans. Et puis il y eut les procès, les jugements, les vengeances, les exécutions... et nous avons dû réapprendre à vivre libres, mais différemment." J’écoutais mon grand-père et j’entendais la peine dans sa voix. Ce jour-là, je n’ai pas osé le questionner davantage, mais j’ai compris pourquoi il m’avait incitée à apprendre l’allemand à l’âge de 11 ans en me disant : "Ma petite-fille c’est à ta génération de pardonner."
Plus tard, en aidant ma grand-mère à cuisiner son fameux coq au vin, elle me raconta l’exode, le passage de la zone occupée à la zone libre, puis leur retour à Paris. Et, une fois encore, je lui ai demandé comment c’était après, et sa réponse fut laconique : "Plus rien n’a été comme avant."
Aujourd’hui alors que nous sommes tous, plus ou moins confortablement, confinés chez nous, cette question revient comme une évidence : "Après, ça sera comment ?"
Et si nous voulons être pleinement libres, cet après nous allons devoir le créer, l’inventer et non le subir passivement, comme nous subissons aujourd’hui cet enfermement forcé ! Ah bien sûr, nous ne sommes pas sous les bombes, ni dans des camps de concentration, notre vie n’est pas en danger immédiat, mais la peur distillée habilement chaque jour par les médias est un poison qui tue lentement et sournoisement aussi sûrement que cette étrange crasse qui rôde autour de nous.
Il est plus que temps de nous réveiller et de changer de paradigme, d’oser nous tenir debout, fiers et dignes de notre humanité, de montrer le meilleur de nous-mêmes. Et cette humanité pacifiée, unifiée et confiante c’est d’abord en nous que nous devons la créer si nous voulons pouvoir la répandre et la diffuser largement dans tout ce qu’elle a de plus noble et humble.
C'est pourquoi, personnellement chaque matin je m'accorde un temps pour moi, pour chanter des chants sacrés, méditer et débusquer ce que je cherche à me cacher. C'est donc à chacun d'entre vous de trouver la formule qui vous convient, il n'y a pas de recette universelle pour cela, hé hé !

Profitons de ce temps qui nous est accordé pour chercher en nous toutes les ressources qui nous aideront à nous équilibrer, à être en paix avec nous-mêmes, avec notre histoire personnelle, notre histoire familiale aussi. Osons avancer vers nous-mêmes avec douceur et bienveillance et nous regarder en face, sans fard ni jugement. Acceptons pleinement qui nous sommes et travaillons à changer ce qui nous dérange en nous. Et lorsque nous aurons fait la paix avec ces parts de nous que nous n’avons pas voulu voir jusqu’à présent, alors seulement nous pourrons apporter plus de paix, d’équilibre, d’harmonie, de joie et d’amour à ce monde qui en a furieusement besoin.
Et enfin nous pourrons répondre à cette question : "Après, ça sera comment ?"
Ça sera, ce que nous aurons appris et ce que notre monde intérieur nous aura révélé... peut-être.
j'en ai les larmes aux yeux... tellement beau et terrible, tellement vrai ...tellement profond et symbolique.
Cette philosophie est belle et je la prends comme elle est