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MOSCOU 2015-2018

Moscou, par la force des choses…

 

Depuis septembre 2015 je vis à Moscou et cela ne s’est pas vraiment fait par choix. En effet, je voulais m’installer en Sibérie afin d’y poursuivre mon chemin d’initiation chamanique, mais l’Univers et les Esprits en ont décidé autrement, puisque je n’ai pas réussi à y trouver un emploi qui m’aurait permis d’y vivre.

C’est donc un job à 35 km de Moscou qui s’est d’abord présenté à moi, la première année. Puis, rapidement, ce travail dans ce village fermé, coupé du monde et de la vraie vie, pour russes ultra riches s’est révélé monotone et inintéressant. Je décidai donc d’en changer et aujourd’hui je travaille pour l’école allemande de Moscou où je m’épanouis pleinement… même si j’ai toujours un peu de mal avec Moscou.

Ce n’est pas que je ne lui trouve pas de charme, au contraire, c’est une ville qui vaut vraiment le détour, ne serait-ce que pour sa Place Rouge où j’aime à flâner et me ressourcer longuement. J'ai même quelques endroits favoris, comme le marché Ismaïlovo, par exemple. Non, c’est autre chose… le froid, la grisaille, la froideur de ses habitants, tout ceci combiné au manque de luminosité de son hiver long et gris, me rendent Moscou de moins en moins supportable. Au point que j’envisage de ne pas aller jusqu’au terme des 3 ans de mon contrat de travail… Puisqu’un autre pays m’appelle et qu’une vraie histoire d’amour est en train de se développer entre nous depuis plus d'un an an !

Mis à jour le 08/08/2018

J'ai donc quitté Moscou en septembre 2018 pour aller vivre à Ankara, mais j'y suis revenue à deux reprises. D'abord en octobre pour mon visa de travail turc, puis en mai 2019 pour une semaine de vacances et c'est là que j'ai finalement réalisé combien j'aimais cette ville. Mais je crois que cet amour pour Moscou est très lié à la belle amitié qui s'est développée entre D. et moi et à tout ce qu'elle m'a fait découvrir de la ville.  Et puis j'ai réalisé combien mon travail en tant que prof de français à la DSM (Deutsche Schule Moskau) avait été une superbe expérience non seulement professionnelle, mais aussi humaine et j'en garde un merveilleux souvenir. D'ailleurs en rendant visite à mes anciens collègues et élèves, j'ai compris ce que signifiait être appréciée et reconnue dans son travail et ça fait vraiment chaud au cœur !

En fait Moscou est bien à l'image des Russes : froide d'apparence et il lui faut du temps pour se laisser apprivoiser et apprécier !

Mis à jour le 29/05/2019

Moscou, en temps de guerre...

 

24 Février 2022 : la guerre éclate entre l'Ukraine et la Russie et moi j'attends à Istanbul mon amie russe Dina. Elle m'envoie  messages sur messages, ne sais pas si elle pourra voler. Finalement après une longue attente et 6 heures de vol au lieu des 3 heures habituelles, elle arrive à Istanbul. Nous avons à peine le temps de nous embrasser, de nous retrouver vraiment qu'on saute dans un taxi pour filer au concert qui nous attend et pour lequel, en partie, elle est venue un jour plus tôt que prévu. Ce jour qui, au fond, nous a permis d'être ensemble, car par la suite les frontières seront fermées.

27 Février 2022 : je quitte Dina sur le quai de Kadiköy, je dois retourner à Ankara pour mon travail, longue embrassade en larmes. Nous ignorons quand nous pourrons nous revoir à cause de cette sale guerre faite par des politiciens avides et corrompus !

Octobre 2022 : Dina me raconte le centre de conscription qui a été installé juste sous ses fenêtres, les mères, les épouses, les sœurs en pleurs. Désormais, même si géographiquement cette guerre est loin de Moscou, elle est cependant aussi présente dans la capitale, dans les conversations et les angoisses de chaque Russe. Je suis désarmée face au désarroi et au chagrin de ma petite sœur russe. Alors, comme une évidence, je me dis qu'il faut que j'y aille, il faut que je retourne à Moscou tant que ça m'est encore possible. Et le soir même après notre coup de fil, je réserve un billet d'avion.

Décembre 2022 - Janvier 2023 : je m'envole pour Moscou la veille de Noël et c'est parti pour plus de 5 heures de voyage.  Je n'ai pas quitté la Turquie depuis octobre 2019, ni revu Dina depuis ce fameux 24 février. Je n'ai plus l'habitude du froid et j'arrive en plein hiver moscovite gris et neigeux, mais cela ne fait rien la chaleur de l'amitié enfin retrouvée est plus forte que les -11°C.  Et nous avons prévu un programme de visites et excursions que ni la météo, ni l'affreux trafic de la capitale russe ne peut perturber !

Nous fêtons Noël d'abord par un tour sur la place Rouge à admirer les stands du marché, puis dans notre lieu favori le Bardak Café, ce restaurant turc que Dina m'a fait découvrir. Erhan, l'un des serveurs qui nous connait bien est tout surpris et à la fois ravi de me voir et décide que désormais il ne me parlera qu'en turc. Nous passons une merveilleuse soirée. Le lendemain nous flânons dans la ville et je suis vraiment heureuse de retrouver non seulement mon amie, mais aussi cette ville qui finalement m'a manquée. Et même si c'est la guerre, et ça se sent dans l'atmosphère, Moscou continue de vivre à son rythme trépidant.

Dina et moi sommes habituées à voyager ensemble, nous avons fait de nombreux road trips... mais toujours en Turquie et cette fois, nous partons pour 3 jours aux environs de Moscou dans l'Anneau d'or.  Nous nous arrêtons d'abord à Pereslavl-Zalesski, cette petite ville fondée au XXIIè siècle par le prince Youri Dolgorouky autrement connu pour être le fondateur de la ville de Moscou. 

Nous avons décidé d'aller jusqu'à à la Volga, à Iaroslavl mais finalement nous nous contenterons de Pereslavl-Zalesski, car j'ai envie de profiter à fond de Moscou. Nous visitons alors les différentes églises et nous promenons au bord du lac gelé. C'est beau, immensément blanc, silencieux, reposant et je réalise à quel point la Russie m'a vraiment manquée et sa cuisine aussi. Alors je me régale de bortsch, de pelmenis, de vareniki et de syrniki. Bien sûr, ça peut paraître futile en ces temps de guerre, mais apprécier ces choses simples et les partager avec Dina, c'est le plus important et ça a une toute autre saveur car nous ne savons pas quand nous pourrons nous revoir.

4 Janvier 2023 : il neige, nous sommes en route pour l'aéroport de Domodedovo, ni Dina ni moi n'avons envie de parler, le silence nous suffit, il nous unit. Dina s'arrête à l'endroit des déposes minute, car nous ne voulons pas d'effusions, nous ne le supporterions pas. On se sert dans les bras, on s'embrasse et pour la première fois on ne se dit pas "à dans... mois." parce qu'à n'importe quel moment cette monstrueuse géopolitique peut faire basculer nos vies ! Alors je sais qu'une fois dans sa  voiture Dina pleure et que moi, je passe les premiers contrôles en larmes.

Mis à jour le 12/03/2023

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