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PRAGUE 1994-1997

Prague, comme une évidence.

 

Pâques 1994, je profite enfin de mon cadeau d’anniversaire : un billet d’avion pour un city trip dans une capitale européenne. Comme une évidence, j’ai choisi Prague. J’atterris donc à Ruzyně, dans une ville et une langue totalement inconnues. Peu m’importe, je sais qu’avec l’allemand je pourrais m’y débrouiller. Je rejoins en bus, l'auberge de jeunesse que j'ai réservée. Sur le trajet, j'observe tout avec de grands yeux étonnés et ravis et, étrangement, il flotte dans ces rues qui défilent sous mon nez comme quelque chose de familier. C'est sûr, Prague et moi, on va bien s'entendre.

Le lendemain, de bonne heure, je découvre Staroměstké Náměstí, l'église Saint-Nicolas-de-la-Vieille-Ville et la tour de l'Horloge. Je flâne sur les pavés mouillés de la place, je contemple les façades aux teintes pastels défraichies... Puis je prends le tram pour monter jusqu'au Hradčany - le Château de Prague - il grince, bringuebale et ces bruits-là, de nouveau, me semblent familiers.

Les cinq jours que je passerais dans la capitale tchèque seront ainsi ponctués de visites et de flâneries dans les ruelles , les cafés avec toujours cette impression de connaître cette ville, même si, pourtant je n'y suis jamais venue.

De retour à Toulouse, une évidence s'impose : je dois revenir à Prague, je dois explorer encore cette ville. Mais pour mieux l'appréhender, je dois d'abord apprendre les rudiments de sa langue. C'est donc tout naturellement que, munie de mon annuaire, je me mets en quête d'un ou d'une Tchèque qui voudrait bien me donner des cours. En quelques jours, je trouve celui qui me donnera ces précieuses leçons. Et nous commençons dès la semaine suivante à nous immerger dans la langue tchèque... Pas simple, elle est pleine de déclinaisons... ma phobie ! Mais après quelques semaines, je suis étonnée de m'y retrouver si bien dans tous ces cas. Mon cerveau, réfractaire au latin, doit être en train  de muter, car enfin il comprend !

Bref, au mois je juin je décide de m'inscrire pour un cours intensif de tchèque de 4 semaines organisé par l'Université Charles de Prague. Donc, en août 1994, je retourne à Prague pour un mois. A l'époque je travaille comme graphiste indépendante, je peux gérer mes congés comme je le souhaite. C'est une opportunité et je la saisis.

Au cours de ce séjour, plus je découvre la langue, plus je m'y sens à l'aise et plus je découvre la ville et ses alentours, plus je sens qu'une partie de moi a envie de rester ici.

Alors, à 3 jours du départ, une profonde nostalgie m'envahit et une idée folle traverse mon esprit : et si je venais vivre ici pour une année ? Aussitôt je file à l'ambassade de France obtenir la liste des entreprises françaises et la veille de mon retour à Toulouse, j'obtiens un rendez-vous avec un éditeur français qui me dit que son graphiste va le quitter en octobre et donc qu'un poste va se libérer. Wow, la Vie est bien faite ! Je saute dans l'avion et sur l'occasion !

Une fois à Toulouse, je fais en sorte de régler très rapidement mes affaires professionnelles afin d'avoir l'esprit libre pour me mettre en quête d'un logement à Prague. Je décide donc de partir une semaine début octobre afin de trouver un appartement. La veille de mon nouveau départ pour la capitale tchèque, je rends visite à une amie journaliste qui vient de terminer une interview et son interviewée est toujours chez elle. Elle nous présente l'une à l'autre et dans le fil de la conversation, elle me dit qu'une de ses amies est tchèque, me donne son numéro de téléphone. Je l'appelle le soir même et elle me met en contact avec un vieux monsieur de sa famille, parlant parfaitement le français. A mon arrivée à Prague, je l'appelle et en trois jours je trouve la tanière où m'installer, signe le contrat de bail et y emménage deux semaines plus tard avec mon chat.

J'y passerai 3 années merveilleuses. Et aujourd'hui, chaque fois que je pense à Prague et au moment même où j'écris cet article je suis prise d'une vive émotion qui me retourne l'âme. J'éprouve un amour indescriptible pour cette ville qui m'a tant donnée, qui m'a tant appris sur moi, sur la vie, sur le fait de savoir être reconnaissante de ce que l'on vit dans l'instant...

Praha moc tě miluju !

"Praha ! Tomu, kdo ji uviděl jen jednou,

Její jméno aspoň zpívá Navždy v srdci.

Je sama písní zapředenou v čase

A my ji milujem. Ať zní !"

Jaroslav Seifert - Býti básníkem

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