Je vais vous parler d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître… Oh là là, me voilà rendue à parler d’une époque (pas si lointaine) où les réseaux dits sociaux n’existaient pas (oui, oui les jeunes, on peut vivre sans, hé hé !) et où partir s’installer à l’étranger relevait de l’aventure loin des siens et avec pour seules possibilités de communication, le courrier – le vrai, celui qu’on écrivait à la main et qu’on postait affranchi d’un timbre – et le téléphone… fixe, celui avec un fil !
Octobre 1994 : je choisis donc de m’expatrier à Prague au grand dam de ma mère qui trouve déjà que les 600 kilomètres qui nous séparent, ça fait beaucoup alors que je vis à Toulouse !
A l’époque la guerre en ex-Yougoslavie n’est pas finie et aller vivre dans cette « Europe de l’est » que l’on méconnait tellement, c’est forcément dangereux… aux yeux de mes proches et ami.e.s. Et j’entends encore toutes leurs questions : « Et comment on fera pour te contacter ? Ils ont le téléphone ? Il faut un visa pour venir te voir ? Ils sont en guerre !!! », Etc., et j’en passe ! Je resterai trois ans à Prague et seulement deux amies oseront faire le voyage et les contacts se feront par téléphone avec ma famille et par courrier pour les autres. Et si je veux regarder la télé, ça sera en tchèque uniquement… et finalement ça sera pour moi l’un des meilleurs moyens d’apprendre la langue.
Août 2004 : nouvelle expatriation, de nouveau en Europe, mais moins loin et dans un pays frontalier, en effet c’est à Bruxelles que je m’installe cette fois. Mais il y a désormais un changement de taille, presqu’une révolution : internet et les GSM ! Cela change tout, les contacts sont quasi immédiats et du coup, je me sens beaucoup moins coupée des miens. Cette expatriation n’a vraiment rien à voir avec ma première expérience. Sans doute, d’abord parce que j’évolue dans ma langue maternelle, et ensuite parce que les sms me relatent le quotidien de mes proches.
De 2006 à 2012, ça sera l’Allemagne avec, cette fois, l’utilisation de Facebook puis Skype. Ainsi dès que quelqu’un me manque, il suffit d’un appel via mon pc et je suis immédiatement au courant des dernières nouvelles.
Août 2012 : c’est ma première expatriation hors d’Europe et avec 5 heures de décalage horaire, puisque je m’envole pour Bichkek la capitale du Kirghizstan. Je peux vous dire que je n’ai jamais autant utilisé Skype que durant ce séjour ! Ce fut une expérience douloureuse et une expatriation totalement ratée !
Février 2013 : d’un gros saut de puce j’arrive en Mongolie et j’y resterai jusque fin 2014 et durant toute cette période Skype est vraiment mon meilleur ami de communication… qui me fait veiller tard la nuit, tant le décalage horaire est grand (entre 6 et 7 heures).
Septembre 2015 : je refais mes valises et me pose pour trois ans à Moscou et cette fois c’est WhatsApp qui me permet de garder le contact avec mes ami.e.s et là aussi c’est une révolution : chaque jour j’écris et reçois des messages, appels, photos, tous ces instantanés de vie qui font qu’on a l’impression d’être là, présent, presque dans la vie de nos proches.
Bref, cette fois l’expatriation n’en est pas vraiment une, du moins n’est-on plus totalement seul dans notre pays d’adoption.
Et puis il y a un autre outil qui facilite la vie de l’expatrié confronté à une langue qu’il ne maitrise pas, ce sont les traducteurs en ligne. Lorsque j’étais à Prague, je ne sortais jamais sans mon mini dictionnaire tchèque-français/français-tchèque et aller faire mes courses relevait vraiment de l’aventure, et parfois de l’expérience culinaire plus qu’étrange !
En résumé, je peux dire qu’aujourd’hui pour moi, être expat c’est devenu simple et confortable ce n’est plus du tout l’aventure « exotique » et excitante que j’ai vécue il y a 25 ans. Cela est sans conteste dû aux nouvelles technologies de communication, ou à la mondialisation qui fait qu’on retrouve tant de produits similaires d’un pays à l’autre et nous donne des repères… ou peut-être aussi à mes 18 années passées hors de France à nomadiser d’un pays à l’autre.
Et pour vous, l’expatriation ça se passe comment ?
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