Depuis lundi je me lève épuisée de mes courtes nuits agitées, avec au réveil comme une gueule de bois d'un choc trop violent et l'envie de pleurer, hurler... et puis il faut néanmoins travailler, enseigner, sourire à mes étudiants online comme si de rien n'était... mais en moi quelque chose est brisé !
Nous qui avons été épargnés, immédiatement nous nous sommes jetés dans l'action pour venir en aide aux victimes... une solidarité naturelle, spontanée, tout simplement humaine...
Mais au matin du quatrième jour, j'ai l'impression de me réveiller d'un cauchemar... c'est violent et l'horreur de ce cauchemar est encore bien là ! Non ce n'était pas un mauvais rêve... c'est désormais notre réalité quotidienne et il va falloir vivre avec !
Non seulement la terre a tremblé, mais en chacun de nous quelque chose s'est fissuré et pour ne pas nous effondrer nous devons nous soutenir mutuellement, être les fondations sur lesquelles les rescapés pourront s'appuyer.
Ce traumatisme ne s'effacera pas, mais comme toutes ces villes détruites nous nous reconstruirons sur nos ruines intérieures et nous essaierons d'être plus forts, plus solidaires, plus humains.
Mais pour le moment, je me sens dévastée, anéantie... et c'est dans ces moments-là que je repense à mes grands-parents qui ont survécu aux deux guerres mondiales et je puise un peu de force et de courage dans leur exemple.
Et puis aussi ce qui me fait tenir le coup, c'est vous... c'est votre générosité, votre soutien, la beauté de vos âmes.
Oui nous avons besoin de votre aide matérielle... mais aussi psychologique.
Et si vous souhaitez continuer à nous soutenir, n'hésitez pas à m'écrire car je suis en contact avec un ami turc musicien qui fait un travail formidable sur le terrain.
Vous êtes merveilleux et je vous aime !
Ankara 10.02.2023